D’importantes observations ont été faites dans son oeuvre classique Les Maladies à l’aube de la civilisation occidentale (Paris) par un historien célèbre de la médecine Mirko Grmek déjà en 1983. Compte tenu du schéma cyclique des pandémies en temps modernes, il nous faudrait attendre à un taux assez important des victimes et des décès dus au coronavirus. Lisez attentivement le fragment :
Le germe de cette maladie [de la grippe – vg], Myxovirus influenzae (isolé en 1993 par Smith, Andrewes et Laidlaw), provoque chez l’Homme une puissante réaction immunitaire qui détermine l’arrêt des grandes vagues épidémiques. Cependant, cette réaction spécifique ne suffit pas pour éliminer définitivement la maladie, car son agent déjoue les défenses immunologi-humaines et les souches qui parasitent les animaux. La grippe est une maladie des animaux domestiques et des oiseaux qui vivent à proximité de l’Homme. C’est en Asie, dans de vastes territoires à la frontière de la Sibérie et de la Chine occidentale, que se produit, en règle générale et dans les temps modernes, la recombinaison génétique périodique du virus grippal humain. Là naissent les vagues pandémiques qui progressent avec une grande rapidité et infectent de manière cyclique l’humanité tout entière. Aucune épidémie historique de grippe n’a débuté en Méditerranée. L’épidémie dite « espagnole » porte à tort ce surnom, car elle est venue, elle aussi, d’Asie.
Des renseignements précieux sur l’histoire de la grippe ont été obtenus récemment grâce à la séro-archéologie. Il a été prouvé, par exemple, que la pandémie de 1889 [grippe « russe » – vg] avait les mêmes propriétés immunologiques que la pandémie dite « asiatique » (1957), laquelle succédait à la grippe dite « espagnole » (1918). Le type « asiatique » et le type « espagnol » alternent de manière assez régulière : tous les 60-70 ans, l’un cède la place à l’autre. Chaque cycle est interrompu vers son milieu par une pandémie grippale due au changement du sous-type immunologique”.